Bonsoir,
Ces derniers jours, le temps change, transforme les feuilles, apporte les premiers frimas. Comme je le disais dans ma dernière note, le vent d’automne est pour moi synonyme d’enfance. Il nous traverse et va chercher dans notre mémoire les sentiments enfouis au fond de nos souvenirs. Ce vent me rappelle incontestablement la poésie de Jacques Prévert, celle qui parle de l’oiseau-lyre, celle où les objets du quotidien redeviennent ce qu’ils sont réellement. Il y a quelques années en arrière, lorsque j’apprenais cette poésie, je me sentais devenir cet enfant qui regarde l’oiseau par la fenêtre et qui s’échappe dans son imagination vagabonde. Aujourd’hui, quand je vois les feuilles tomber des arbres en prenant leur temps, virevolter et se balancer dans leurs reflets multicolores, je me rappelle les leçons d’école de mon enfance.
J’avais un instituteur qui s’appelait Mr Rossignol. Un personnage iconoclaste, libre et philosophe. C’était un homme grand, aux cheveux grisonnant, une lumière dans le regard et qui fumait parfois la pipe lorsqu’on partait en balade dans les combes de ma Bourgogne natale.
Le soir, lorsque je quittais l’école, j’avais plusieurs chemins pour rentrer à la maison. Chaque trajet du retour vers le cocon familial était un voyage, une excursion, une découverte de l’univers et de ses merveilles. Ce qu’il m’a enseigné va au-delà des apprentissages scolaires ; ce qu’il nous racontait était naturellement intéressant, à notre portée. Il nous offrait une vision plus large. Il nous donnait des leçons de vie, drôles et pertinentes dans notre univers d’enfant.
Plus tard, j’ai su qu’il avait pris sa retraite quelque part entre la Bolivie et le Pérou, endroit insolite et improbable où il a probablement du tirer sa révérence.
Nous avons tous un maître, un jour ou l’autre, si ce n’est notre propre père, qui nous a montré un chemin, une possibilité, ou au moins une clairière, où il est possible de vivre et de rêver.
Voilà un petit hommage à ma façon, en musique, pour une personne qui m’a fait grandir et montré que la vie recèle un peu de poésie. Si je peux me permettre de comparer mon professeur à ce musicien qu’est Paul Tortelier, alors ces extraits musicaux sont une sorte d’hommage et de remerciement à mon maître d’école et à ses leçons de vie.
La leçon du Maître.
Pédagogue, accompagnateur et guide, Paul Tortelier est tout à la fois dans cet extrait. Une leçon magistrale ! En ce qui me concerne, vous aurez compris que la note suspendue dont il parle est comme l’oiseau-lyre de Prévert qui m'appelle et qui m’apporte cette étreinte mélancolique.
Aparté :
Je suis d’accord avec la leçon de Tortelier, excepté au moment où il parle de Jacques Loussier qui jouerait un Bach « à la gloire du métronome ».
J’ai déjà évoqué Loussier dans une note précédente => ici
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Si vous avez terminé vos devoirs vous pouvez écouter la suite en augmentant légèrement le volume de votre ordinateur. Si vous avez un casque Hi-fi, c’est encore mieux! d[n_n]b
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L’art du Maître.
Derrière le professeur, il y a l’homme, l’artiste qui s’élève dans la clameur de son art.
L’archet aux suppliques sentimentales de Tortelier.
Une représentation exceptionnelle !
Comme d'habitude, il est bien tard ce soir alors, bonne nuit!
A bientôt.
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